Les Incas connaissaient déjà la richesse de cette montagne, même s'ils ne l'exploitaient pas. C'est en 1545 qu'un indien en révélat l'existence à l'un des nombreux aventuriers espagnols du temps de Pizarro.
Depuis, la montagne est exploitée. Pendant trois siècles, on dit qu'on en aurait extrait suffisament d'argent pour construire une route à deux voies jusqu'à Madrid. La quantité d'argent ainsi importé en Europe fût à elle seule une condition indispensable au développement du capitalisme. Les espagnols ont d'ailleurs nommé cette montagne le Cerro Rico (la Colline Riche).

L'enrichissement de l'Europe, donc, mais à quel prix : six millions d'indiens et africains en sont morts, à travailler dans les conditions épouvantables de la mita, le travail forcé : morts d'épuisement ou empoisonnés par les vapeurs de mercure lors du traitement de l'argent ! Ajouté à celà le fait qu'ici aussi tout ce qu'ils avaient à "manger" était des feuilles de coca.

Au cours du XXe siècle, les mines ont été nationalisées, mais les filons d'argent étant épuisés c'est l'étain qui pendant un temps a été exploité, jusqu'à ce que les filons ne soient plus rentables.
De nos jours une partie des mineurs (ceux que nous avons rencontrés) sont des travailleurs indépendants, qui exploitent principalement le zinc. Mais le cours des minerais ayant chuté ces dernières années, les mineurs se font de plus en plus rares. Pour vous donner une idée de la "récompense" de leurs efforts dans leur travail, ces mineurs indépendants pouvaient gagner jusqu'à 200 bolivianos (200€) pour une journéecomplète de travail, aujourd'hui ils ne gagnent plus que 50 bolivianos environ pour le même travail.
A noter, les mineurs aujourd'hui ont gardé l'habitude de ne se nourrir "que" de feuilles de coca ... en réalité ils ont aussi ajouté à leur régime "alimentaire" des sodas, cigarettes et de l'alcool pur ... à 96%vol. !

Ces mineurs indépendants s'organisent eux-mêmes en petits groupes (par exemple : père et fils) pour exploiter un filon qu'ils ont eux-même découvert.

Mes revenons-en à notre matinée, où nous sommes tous les deux seuls avec notre guide francophone, même si au final nous ne parlerons quasiment qu'espagnol avec lui ...
Nous commençons à faire un tour au marché des mineurs où ils peuvent trouver tour ce dont ils ont besoin : feuilles de coca, sodas, alcool pur, cigarettes, dynamite et location de torches chargées (pour environ 7 heures de lumière). Nous en profitons donc pour acheter quelques provisions que nous comptons donner aux mineurs que nous croiserons, pour leur donner un coup de pouce, aussi pour les remercier de leurs explications et participation forcément enrichissante au reportage.

Puis direction le mirador, au sommet de la montagne, pour un joli point de vue sur la ville (qu'elle était jolie cette photo panoramique, snif :'( ). Ici, nous avons aussi droit à l'attraction touristique : une démo "grandeur nature" d'explosion de dynamite. ÇA DECOIFFE !!!

Nous entrons ensuite dans la mine, au coeur de la montagne, en suivant les rails du "premier niveau", l'oreille attentive car il y a fréquemment des wagonnets chargés d'une tonne de minéraux "en vrac" qui sortent de la mine.
Nous croisons aussi le sanctuaire de "el Tio", la divinité des mineurs, où se trouve une statue représantant un "homme-taureau", à qui les mineurs font des offrandes chaque jour. Ils lui offrent des feuilles de coca, des cigarettes (car el Tio fume) et lui versent aussi de l'alcool sur certaines parties symboliques du corps : notamment sur les poumons pour qu'il leur donne du souffle et des poumons forts contre les maladies respiratoires (oui, c'est un peu en contradiction avec les cigarettes), sur les bras et la jambes pour avoir de la force.
Le reste de la matinée nous nous balladons dans les galeries, avec de nombreuses explications du guide sur les méthodes de travail (techniques, outils), les mineraux exploités, leurs valeurs, etc.
Nous rencontrons aussi naturellement des mineurs, dont un père et son fils que nous interviewons pour le reportage (et oui, ça aussi c'est dommage de l'avoir perdu ...)

De retour en ville et après avoir mangé un bon "almuerzo" avec notre guide, le reste de la journée sera entre sièste et visite de la ville.