Je me vois déjà en aventurier intrépide, tel Mike Horn dans Latitude zero, seul, au péril de ma vie, avec ma ... machette et mon couteau, au milieu de cette jungle hostile. Que dis-je, cet enfer vert rempli de prédateurs féroces et de coriaces moustiques.
Oui, ok, je m'emballe, mais c'est pour la prose et je trouve que ça en jette !, mais Gaëlle préfère dire que je vais jouer à Georges de la Jungle. Bon, je veux bien que Georges soit l'un de mes prénoms, mais avouez que, de suite, ça casse le mythe ! On va bien voir !

9h, direction le port de Rurrenabaque, sur le rio Bení, accompagné d'un couple d'anglais, deux guides, un cuistot et le chef, où nous embarquons dans une de ces longues barques (environ 15 mètres de long pour 1 mètre 50 de large).

Une paire d'heures de trajet, où je profite pour prendre quelques photos et interroger le guide sur ces barques qui m'intriguent. Elles sont spécifiques aux rivières rapides. Elles sont étroites et s'enfoncent peu dans l'eau afin d'offrir un minimum de résistance au fort courant. La base de cette barque est en fait composée d'une pirogue traditionnelle, taillée d'une pièce dans un tronc de cèdre (non, pas les mêmes qu'en France, beaucoup plus grands, qu'ils appellent d'ailleurs cèdres d'altitude), de mora ou de gabú.

Il existe un autre type d'embarcation typique, appelée balsa, qui est en fait un radeau fait de troncs de balsa.

J'apprends aussi que le parc Madidi est le plus riche de Bolivie pour sa biodiversité. Il y est naturellement interdit d'y chasser et d'y couper les arbres. Les communautés locales peuvent se fournir en bois dans la réserve Pilòn Laja toute proche. Mais malheureusement le parc Madidi est lui aussi, une fois de plus, menacé par l'industrie pétrolière (trois filons y ayant été découverts) et l'industrie du bois, qui ont comme unique avantage d'apporter de l'argent aux investisseurs mais au détriment de cette richesse biologique et par conséquent du tourisme qui, lui, fait vivre la population locale. Et ne parlons pas de la perte de cette ressource pour les scientifiques, très nombreux à s'intéresser à ce parc !

La traversée se poursuit après un passage au poste de contrôle des entrées au parc et après avoir changé de rivière pour le rio Tuichi. Puis nous arrivons au camp de base où se trouve une cuisine et des sanitaires dignes de ce nom !
Nous y mangeons et nous reponsons un peu dans les hamacs, desquels nous pouvons apprécier pleinement le calme qui est maître ici en dehors du bruit de la rivière toute proche et des cris de nombreux animaux. D'ici nous pouvons déjà observer de magnifiques papillons, oiseaux et reptiles. Et, surprise, nous voyons aussi un singe araignée, tout noir, se balladant de branches en branches dans les arbres tous proches. Nous apprenons qu'elle s'appelle Negra, et qu'ils l'ont racheté à Rurrenabaque pour lui rendre sa liberté. Finallement, elle ne s'éloigne jamais vraiment du campement même si elle se nourrit seule.

L'après-midi nous partons explorer la selva où nous arrivons à observer de nombreux animaux

Et de nombreuse plantes. Notamment un grand nombre de plantes médicinales, car on peut quasiment tout soigner avec les plantes qui se trouvent ici. Des douleurs d'estomacs au paludisme. Certaines sont aussi efficaces en répulsif contre les moustiques et même pour éviter les piqures de serpents. Les plantes sont aussi les matériaux utilisés pour la contruction des maisons (murs, toîts, meubles) et toutes sortes d'objets (sacs, assiettes, couverts, ...).

Nous allons aussi rendre visite à une famille qui vit au milieu de la selva, qui nous explique la manière de faire le jus de canne (ils nous font d'ailleurs participer et c'est très éprouvant). Délicieux, avec un peu de citron. Cette attraction touristique faite et pendant que le reste du groupe retourne à la barque, je reste un peu ici avec Alcide (le guide avec qui je dois partir camper le lendemain) car je voudrai poser quelques questions à Victor-Hugo (oui vous lisez bien), le père de famille. Une fois de plus il est plus qu'enthousiaste pour m'expliquer devant la caméra la manière de vivre des quelques familles qui vivent ici, si isolées.

Retour au campement, encore un bon repas, pendant lequel je fais la connaissance d'une des trois énormes tarentules (apparement assez toxiques) qui ont élu domicile dans la cabane cuisine/salle-à-manger.

S'en suit une longue discussion avec Alcide et David (le cuisinier), où j'apprend encore énormément de choses, notamment mes premiers rudiments de Tacana, le dialecte de certains des habitants de la selva (Dusulupai=merci beaucoup, peci=hamac, Qiaui=dormir, ...). Visiblement c'est ce qu'Alcide a jugé le plus utile à m'enseigner !